De même, lors du vote de la loi Covid, l’engagement fait défaut d’un côté.
D’où vient la passivité des organisations ?
Andrea Tedeschi Les choses se passent bien pour les partisans de l’initiative sur les soins. « J’ai rarement vu une campagne se dérouler de manière aussi positive », déclare Walter Stüdeli, consultant en relations publiques qui dirige la campagne. Selon le dernier sondage du CCR, 78% des électeurs ont l’intention de voter en faveur de l’initiative. Si cette tendance se confirme, la première initiative proche des syndicats depuis 1981 sera acceptée. Stüdeli pense que la pandémie joue un rôle, mais pas seulement : « Il nous manque des opposants », dit-il laconiquement. « Avec la politicienne de la santé Ruth Humbel, nous avons au moins un adversaire sérieux. Je n’en suis pas mécontent ». Car : sans controverse, pas de débat. Malgré cela, le camp adverse n’arrive pas à se mettre en marche. Un comité interpartis pour le non s’est certes formé, mais il n’existe même pas de site Internet présentant leurs arguments. Le politologue Georg Lutz explique : « Aucun parti ne veut s’engager contre les soignants, car ils bénéficient de trop de sympathie. Un engagement pourrait être contre-productif ». Les hôpitaux sont directement concernés par l’initiative, ils craignent des coûts élevés. Anne-Geneviève Bütikofer, directrice de l’association des hôpitaux suisses H+, a déclaré qu’elle aurait souhaité un engagement plus partisan en faveur du contre-projet. L’argent et les ressources ne sont pas à la portée des partisans. L’initiative sur les soins n’est pas la seule à poser problème aux opposants. Dans le cas de la loi Covid également, aucun parti ne voulait diriger la campagne pour le oui jusqu’à ce que le centre s’impose et organise un comité interpartis. Même chose pour le comité du non à l’initiative sur la justice. Le lobbyiste Walter Stüdeli ne s’étonne pas du manque de soutien des partis pour tous les projets soumis à votation. « Autrefois, les partis se concertaient davantage, un parti prenait la tête d’une campagne, mais cela n’arrive plus », dit-il. Mais surtout, les partis dépendent financièrement des associations pour leurs campagnes, explique Stüdeli, qui sont à leur tour sélectives dans leur engagement. Les bourgeois critiquent surtout l’Union patronale, qui ne s’engagerait pas assez financièrement contre l’initiative sur les soins. On parle de 20000 francs. L’Union patronale suisse ne confirme pas ce chiffre, mais elle ne le dément pas non plus. Le chef de la communication Fredy Greuter se contente de dire : « Nous ne menons nous-mêmes des campagnes de votation que lorsqu’elles concernent nos dossiers clés, comme l’AVS par exemple ».
Les partis sont sous la perfusion des associations Les grandes associations sont pingres lors des votations du 28 novembre.
Le politologue Lutz estime néanmoins que davantage d’argent est aujourd’hui consacré aux campagnes politiques, mais de manière plus sélective qu’il y a 20 ans.
« L’engagement des associations dépend de deux facteurs. Premièrement, les projets doivent toucher des intérêts financiers importants. Deuxièmement, plus l’issue d’une votation est attendue comme étant serrée, plus les fonds affluent ». Reste la question de savoir pourquoi les partis s’engagent moins dans les campagnes de votation.
Si l’argent manque, un parti ne peut rien faire, dit-on au PRD.
Pour Marcel Schuler, ancien directeur de campagne du PRD, cette désaffection est également liée aux alliances bien rodées.
« Elles existent en matière de politique économique, mais pas sur des sujets comme la santé ou l’élection des juges fédéraux ». Il voit une autre raison dans les petits partis : « Ils s’attachent certes à un PLR, mais ne veulent pas partager les responsabilités et les coûts ». La situation est similaire chez les concurrents.
« Le PS ne peut pas faire seul dix campagnes de votation par an, il a besoin des fédérations », explique un porte-parole.
De plus, une conférence de presse organisée par un comité ne suffit pas. Source : Aargauer Zeitung